• livre deux : chapitre cinq

    Extraits du Nouveau Codex Impérial (éd. 956 rc)

     

    Sujet :                                    médias

    Section :                                histoire générale, histoires des techniques, art et culture

    Références extrait(s) :         t.14, pp.123-325, t .15, pp.16-44 ; t.209, pp.352-405, t.281, pp.2111-2132

    Sources générales :                  tomes 14 à 19, 24, 207, 218, 294-99, 287 à 298

    Annexe(s) :                                          

     

     

    …/… présents depuis que la civilisation existe. Y compris dans les périodes de conflits violents et/ou de régression, les médias ont généralement toujours cherché à informer leur public même si cette action s’est parfois exprimée dans des termes approchant la banale propagande. D’une manière générale, bien qu’essentiellement représentatifs d’un type de société, d’un régime politico-économique ou d’une époque, les médias ont le plus souvent cherché à éviter une inféodation trop contraignante. Dans l’Empire des débuts, certains dirigeants ont souhaité les réduire (Kresp le Fat,  Oréal II Rougepassion par exemple) mais ces époques de cohabitation difficile ont dans l’ensemble été plutôt rares …/…

     

    …/… tout dépendant, évidemment, de l’approche faite par le politique en question. Par exemple, pour certains fondamentalistes (notamment religieux) ou pour les opposants irréductibles au type de société en place (« caste des Opposants Inconstitutionnels », par exemple), les médias dès lors qu’ils interviennent au sein d’une société humaine donnée, deviennent ipso facto les thuriféraires du régime en place et nécessitent donc d’être neutralisés. C’est ainsi que lors des « Evènements dits du Trassar, en 889 rc, une campagne d’intimidation systématique fut entreprise à l’encontre des médias – quelles que soient leur nature, leur domaine d’action ou leur localisation géographique -, campagne qui, par sa violence et son caractère difficilement compréhensible par le public, aboutit à la destruction de…/…

     

    …/… parce qu’ils sont aussi nombreux qu’il y a de communautés humaines. Pour la clarté de notre exposé introductif, nous avons choisi de délimiter une frontière entre ce que nous appellerons les « médias proprement dits » et ceux que nous nommerons « collatéraux » ce qui, bien entendu, ne veut pas dire secondaires. Dans le premier groupe, par exemple, on pourra inclure la stéréoviz et ses grandes chaînes de diffusion galactique ou les talides animées ; dans l’autre, on retrouvera plutôt des initiatives localisées comme le théâtre multimédia ou la musique dérovantienne dont le caractère plus exclusif n’hypothèque nullement l’impact sur les populations…/…

     

    …/… historiquement premiers. Les talides, notamment animées, ont par leur caractère universel et la facilité de leur fabrication et de leur distribution contribué à disséminer dans l’ensemble de la Galaxie une forme de pensée universelle. Pour beaucoup, l’accès à une Culture aisément accessible permit…/…

     

    …/… C’est surtout par la concurrence – pour ne pas dire la rivalité – existant entre elles que les grandes chaînes de diffusion (stéréoviz mais aussi trivmaki et autres vardas [1]) ont acquis leur relatif esprit d’indépendance. Il ne faudrait toutefois pas tomber dans un angélisme naïf en prétendant qu’aucune pression n’a jamais été exercée à leur égard par les politiques ou les galactico-économiques et que, de plus, elles n’y succombèrent jamais…./… Demeure également le problème de ce que Vrigen Belair, le célèbre historien néoparien du 7ème siècle, nomme le « galactico-bienséant » dont on sait les ravages qu’il peut entraîner à certaines époques, lorsque l’appauvrissement des idées est vécu comme le règne de la Vérité absolue et que l’autocensure de tous les intervenants conduit à l’uniformisation des concepts…/…

     

    …/… qui a toujours représenté une forme d’information particulière. Le Kha (aussi appelé GRG ou Grand Réseau Galactique), depuis l’avènement de l’informatique quantique, permet à tout ressortissant des grandes puissances galactico-politiques d’être informé à chaque instant de l’état de la Galaxie, et ce quel que soit sa localisation géographique, sa situation personnelle ou son activité professionnelle. Il va de soi que le GRG n’empêche nullement les autorités légales d’intervenir de façon plus ou moins répressive – on peut même se demander au contraire si l’immensité et la complexité du Réseau ne sert pas parfois les pouvoirs en place en leur permettant de regrouper leurs informations - ; il n’en reste pas moins que les échanges d’idées ou de documents transitant par le GRG représentent une des activités principales de l’Humanité biologique, voire mécanique, en ce milieu de dixième siècle…/…

     

     

     

    5

     

     

     

     

       Le soldat, impeccablement sanglé dans son uniforme bleu-nuit des Sections de Sécurité, se mit au garde-à-vous dès qu’elle eut franchi le seuil de la verso [2]. Il n’avait pas beaucoup plus de vingt ans mais, en dépit de sa jeunesse, Bristica était certaine de sa totale compétence. Elle lui rendit brièvement son salut et se dirigea lentement vers son espace de réception, petite pièce remarquablement aménagée (elle en avait supervisé personnellement l’agencement) attenante à son laboratoire. Le soldat lui emboîta le pas silencieusement. Sur Farber – ou même sur Terra – une telle garde rapprochée lui aurait pesé mais ce n’était pas le cas dans cet univers essentiellement militaire où les civils comme elle étaient aussi rares que des sial-val [3] à Carresville. Peut-être finissait-elle par s’habituer à cette surveillance de tous les instants ? Cette éventualité ne laissait pas de l’étonner, elle qui se demandait souvent où était passée la Bristica si indépendante et presque sauvage de Tressgloss. L’approche de la maturité ou le souvenir plus ou moins conscient de toutes les agressions dont elle avait été récemment victime ?

         L’homme l’attendait. Il s’était déjà présenté à elle par hologramme et c’était leur premier contact réel. Il se leva à son arrivée et, d’un geste à peine ébauché, elle lui demanda de se rasseoir sur le biodiv. Bristica se tourna vers le droïde qui, raide comme un cierge-laser, se dressait près de la porte magnétique.

              - Vous pouvez nous laisser, Bersam, je m’occupe de ce citoyen. Ainsi, vous êtes le Citoyen Velstar Drago, commença-t-elle en se tournant vers son visiteur. Savez-vous que j’ai entendu parler de vos remarquables travaux et que je suis enchantée de vous savoir avec nous ?

              - L’honneur est pour moi, Citoyenne Glovenal, entièrement pour moi. Je… Ce que j’ai eu l’occasion de faire jusqu’à présent est totalement insignifiant comparé aux avancées tout à fait extraordinaires qui…

         Bristica l’interrompit d’un petit signe de la main et l’homme se réfugia dans un mutisme déférent. La quanticienne redoutait toujours ces prises de contact, d’autant plus que sa nouvelle et involontaire notoriété la tourmentait. Elle fit semblant de se plonger dans le magnet perso de son vis-à-vis qu’elle connaissait déjà presque par cœur. Un homme de qualité à ce qu’elle avait découvert, un quanticien chevronné dont l’apport risquait d’être enrichissant. Toutefois, son équipe était au complet, du moins pour les tâches immédiates, et elle s’était étonnée que ce nom, jusque là peu connu d’elle, lui soit imposé. Par la hiérarchie militaire qui plus est alors que le quanticien était un authentique Confédéré. Étrange mais après tout pourquoi pas ? Elle releva les yeux et sourit gentiment à l’homme dont elle devinait qu’il devait être encore plus intimidé qu’elle. Elle l’étudia en silence quelques secondes, le temps pour lui de s’agiter sur son biodiv, mal à l’aise. Elle décida de mettre fin à son anxiété.

              - Eh bien, Citoyen Drago, je vois que vous semblez être un homme précieux et que vous avez déjà longuement travaillé sur le type de projets qui nous occupe ici. Je vous remercie tout d’abord d’avoir accepté de rejoindre notre équipe. Je vous propose de faire avec moi le tour de nos équipements, disons, demain, lorsque vous vous serez installé, et j’en profiterai pour vous présenter les différentes personnes qui travaillent dans ce service. Vous serez vite à votre aise, j’en suis certaine, car, qu’on le veuille ou non, la prospective, c’est toujours un peu la même chose, n’est-ce pas ? Auriez-vous des remarques particulières à formuler ? Des souhaits ? N’hésitez pas…

     

     

     

         Drago rejoignit son sarmiv [4], trois niveaux au dessus du bureau de Bristica, sans difficulté particulière bien qu’il ne s’y soit rendu qu’une seule fois depuis son arrivée et que sa préoccupation soit extrême. Il présenta sa main droite à la porte de l’appartement, en réalité un simple bouclier magnétique de couleur sombre qui s’éclaircît instantanément. La pièce était relativement spacieuse mais il devait la partager avec deux autres civils inconnus ce qui, en définitive, lui laissait un volume de vie plutôt réduit : on était bien loin de la vaste maison individuelle qu’il venait d’abandonner et surtout du jardin aux essences rares qui, jadis, faisait sa fierté. Plus tard, lorsque l’importance de sa collaboration serait reconnue, peut-être aurait-il l’envieux privilège, en ces lieux où chaque mètre était compté, de disposer d’un appartement privé ? Pour l’heure il se moquait totalement de cette éventualité certainement lointaine. Il observa distraitement l’endroit pour l’instant vide de toute présence et se dirigea vers son coin de vie pour se laisser tomber sur son biodiv. Lentement, il étendit ses longues jambes comme au sortir d’une épreuve physique difficile et, renversé en arrière, il ferma les yeux. Depuis le départ de Clar, sa compagne de toujours, il appréciait de telles minutes de détente glanées sur son emploi du temps. Il pouvait alors chercher à la retrouver telle qu’il l’aimait, ses gestes, ses phrases, sa présence imperceptible. Aujourd’hui, toutefois, c’était difficile. Ce n’était pourtant pas l’environnement nouveau, les visages inattendus, la difficulté de sa position… Un bref instant, il pensa au morceau de stéréoviz qui ne le quittait pas et qu’il aurait été facile d’activer mais il ne put s’y résoudre. Pas maintenant. Pas déjà.

         Bien qu’il se soit psychologiquement préparé à sa rencontre avec la quanticienne, il était bouleversé. Ou, pour être plus exact, il continuait à se trouver dans cet état étrange, presque second, un état qu’il n’arrivait pas à analyser. Une disposition d’esprit, cyclique dans ses paroxysmes, qui perdurait depuis plusieurs semaines, précisément depuis la venue du biocyborg, chez lui, dans son monde protégé, et la remise de cette photo 3D qui avait remué en lui tant de sentiments enfouis. Pourtant la quanticienne ne ressemblait pas réellement à Clar : plus active et plus volontaire sans doute, moins douce peut-être. Aurait-il présenté cette femme à un de ses amis d’avant, un de ceux qui avaient bien connu sa disparue, que celui-ci n’aurait pas hésité une seule seconde : les deux femmes étaient très différentes ! La peau ardoisée, les yeux violets, les longs et lourds  cheveux noirs : non, Bristica Glovenal ne ressemblait pas à son amie perdue. Et pourtant si ! C’était cela qu’il n’arrivait pas à s’expliquer. A ce qu’il pressentait, les deux femmes avaient beaucoup en commun, même et surtout si cela n’apparaissait pas de prime abord. Beaucoup ! Drago avait retrouvé chez la quanticienne une silhouette, une gestuelle, cette présence magnétique si particulière qui l’avaient tant ému. Mais vivante. Incroyablement vivante ! D’avoir vécu si longtemps dans ses souvenirs ne l’avait pas préparé à affronter cette évidence : l’apparente imprévisibilité des attitudes et du comportement de la quanticienne. Néanmoins, dans sa manière de l’observer, de lui présenter sommairement ce que devrait être leur travail commun, la jeune femme l’avait renvoyé à ces mêmes attitudes, à cette même approche de la vie que, jadis, il avait tellement appréciés chez Clar. De fait, à certains détails, une hésitation, une réserve à peine esquissée, dans sa façon de regarder parfois rêveusement par dessus son épaule à lui ou de serrer presque anxieuse ses mains, il avait retrouvé avec une émotion mêlée de crainte les gestes de sa compagne, ces mêmes gestes qu’il avait dénaturés à force d’avoir voulu se les remémorer à sa manière. Il fallait avoir constamment et totalement aimé Clar – et c’était bien son cas - pour percevoir chez l’autre femme tout ce qu’elles avaient en commun. Et puis il y avait ce sourire. Ce sourire si bien rendu par la photo 3D que, à lui seul, il avait d’un coup fait basculer toutes ses certitudes. Un sourire tout juste ébauché mais incroyablement doux et concerné, rehaussé comme chez Clar par le regard vaguement interrogatif, sourcils à peine relevés, à la limite du perceptible. Un sourire léger et fragile capable de combler l’espace pour venir à sa rencontre avant de disparaître pour plus tard. D’une certaine façon, c’était bien Clar qu’il revivait au delà du temps perdu. C’était bien elle.

         Alors, comment trahir sa confiance ? Comment accomplir sans se désespérer la délicate mission qui justifiait sa présence si loin de ses habitudes ? Drago n’oubliait pas ce pour quoi on l’avait mandaté : convaincre la quanticienne de se joindre à une opération que lui-même cernait mal. A défaut, en cas de non-réponse, il lui fallait espionner celle qui avait décidé de lui faire confiance. L’espionner, l’épier, la surveiller pour comprendre ce qu’elle créait et appréhender sa manière d’aborder la prospective, cette science qu’il pratiquait depuis si longtemps qu’il l’avait crue endormie sur sa gloire passée. C’était un travail de mercenaire qui l’écœurait profondément. C’était malheureusement aussi la seule justification à cette rencontre autrement improbable. Que décider au bout du compte ? Trahir celle qui l’attirait si intensément ? La décevoir, s’en faire une ennemie, abandonner à jamais et dans la confusion sa recherche du passé recréé ? Sans compter – mais cela ne l’inquiétait guère pour le moment – la colère et la vengeance des Impériaux légitimistes… A l’inverse, les Autres qui étaient partout, qui le surveillaient sans doute étroitement et à qui il fallait rendre des comptes réguliers ne lui pardonneraient pas le moindre écart : on ne le lui avait pas dit explicitement mais l’importance des enjeux rendrait son échec synonyme de sa neutralisation définitive.

         Drago comprenait – mais il l’avait su depuis le tout début – qu’il était englué dans un piège dont il ne savait pas comment sortir. Il n’avait quand même pas hésité, décidant sur un coup de tête, à la simple vue d’un document figé dans le passé, qu’il lui fallait franchir le pas. De ne pas le faire aurait été trop difficile et aurait de toute façon pesé sur les années lui restant à vivre sous la forme d’un remord permanent qui l’aurait tué bien plus certainement. Parfois on se sent disparaître au sein de sables mouvants sans avoir jamais eu la possibilité de les éviter. Ne restent alors que le temps présent et l’espoir insensé de ressusciter un passé que l’on sait détruit mais dont on ne peut pas ne pas tenter l’aventure.

         Drago, petit à petit, se sentit envahi par cette étrange langueur qui trop souvent le saisissait depuis des jours et contre laquelle il n’avait pas le courage de lutter. La fatigue et la peur sans doute, ses pesantes compagnes d’infortune. Il se savait toujours à bord du vaisseau étranger, dans le petit périmètre qu’on lui avait octroyé, mais son âme lasse l’entraînait bien au delà de ce monde trop réel. Paupières baissées sur son trouble, il retrouva son jardin aux multiples senteurs. Il se sentait glisser le long d’un chemin irréel, peut-être tout droit sorti de son imagination, mais pouvait admirer les plantes et les arbres dont il connaissait chaque nuance, les rocailles agencées avec tant de soin et la terre bleuie par endroits qui adhérait toujours imperceptiblement à ses semelles, comme pour le retenir encore. Au loin, presque hors de portée dans la nuit naissante du crépuscule, il distinguait le contour d’une tonnelle, celle de ses rendez-vous avec la mélancolie, et, près d’elle, une silhouette frémissante qui paraissait l’appeler. Par un effort extrême de sa volonté il chercha à s’en approcher. L’ombre prenait des contours fuyants mais ne s’effarouchait pas de sa venue. Clar, qui d’autre ? Il tendit les mains vers elle dans un mouvement pathétique et désespéré. Elle souriait, Clar, comme au temps d’avant. Quelques pas encore et il pourrait la saisir dans ses bras, l’embrasser, lui dire tous les mots retenus depuis si longtemps. La silhouette demeurait immobile, attentive et prévenante, puis elle secoua la tête doucement et rejeta en arrière ses longs cheveux noirs dans un geste mille fois observé. Ses cheveux noirs ? C’est que la jeune femme avait pris l’apparence de la quanticienne et cela lui allait bien. Drago, le cœur battant à se rompre, s’élança vers elle qui l’attendait en silence. Le bourdonnement du bouclier magnétique le fit sursauter. Il ouvrit les yeux. Un homme venait d’entrer dans son espace et s’approchait de lui.

               - Mon pardon, Citoyen, murmura-t-il, je vous ai réveillé ?

         Puisque Drago encore à ses visions ne répondait pas, il poursuivit :

              - Honger. Delo Honger. Je suis un de ceux qui ont le privilège de partager avec vous ce modeste espace de vie. Avez-vous fait bon voyage ?

         L’apparence de l’homme était très particulière : il était mince, très grand, et d’âge impossible à déterminer, du moins pour quelqu’un comme Drago qui, il est vrai, ne rencontrait plus beaucoup de visages nouveaux depuis des mois. Mais c’était la chevelure de l’homme qui retenait l’attention : blanche et immaculée comme celle de certaines très vieilles personnes. Un albinos, se fit soudain la remarque le quanticien. C’était la première fois qu’il en rencontrait. Un albinos, une caractéristique très inhabituelle en cette époque de génie génétique omniprésent. Drago se redressa, toute conscience revenue. Il était temps de faire connaissance avec tous ceux qui allaient, de près ou de loin, partager son univers immédiat.

     

     

     

     

    Commandement Général des Armées Impériales / CGAI

    Etat-major Interarmes du Premier Quadrant

    Directorat du Généralissime des Armées

     

    Rapport classifié 000

    Dépositaire du rapport : droïde de 1ère classe 1C4, VRAB 942-1Q-001

    Accès : limité sans dérogation

    Accréditations identifiées : deux

    Codes d’accès uniques : accr. 1 : ALZETTO Valer

                                                                                    accr. 2 : DAR-AVER Carisma

     

     

     

    Compte-rendu de la séance de travail du Groupe Spécial Mixte  en date du 22 août 975

     

    intervenants :      

    • Prince Valer ALZETTO, Généralissime des Armées
    • / Citoyenne Carisma DAR-AVER, Premier Assistant (Forces de Sécurité Civile, division Théorie et Prospective)
    • / Citoyen Zandène CARTILE, Deuxième conseiller (Direction des Personnels Civils de Sécurité)
    • Commodore Tris TAURA, (Chef d’Etat-major général)
    • Citoyenne Vliclina GARZELIVO-GRADZEL, Troisième Assistant (Forces de Sécurité Civile, division opérationnelle)
    • / Citoyen-biocyborg VUI-LUI, Ministre plénipotentiaire ( Département-Ministère des Relations Extérieures)

     

    Observateurs :

    • Droïde VRAB, dépositaire indivisible (Etat-major Interarmes)
    • / Droïde NEVUS, observateur neutralisé (Forces de Sécurité Civile, division Théorie et Prospective)

     

    Confidentialité :

    concernant l’avancement des travaux du Groupe : ses seuls membres à l’exclusion de toute autre personne

    concernant l’existence des séances de travail du Groupe : Sa Majesté Impériale, le Premier Conseiller Baldur II

     

    Objet de la présente séance : identification et désinsertion d’éléments hostiles présents dans l’Administration générale

     

    Origine des informations : débriefing du transfuge universaliste codé sous le nom de Darga (rapport CGAI-MC-201-423)

     

    Matériel retenu : 34 personnels suspects identifiés

     

    Positivation : après enquêtes de certification, 31 de ces personnels sont positivés et 3 restent douteux.

     

    Classification (rapport GCAI-MC-201-427) : tous les personnels identifiés sont classés sensibles. Pour 9 d’entre eux, leur accréditation relève d’un accès de type 1 (autonomie décisionnelle partielle), tous les autres d’un accès de type 2 (autonomie décisionnelle partielle avec contrôle a posteriori).

     

    Répartition (rapport GCAI-MC-201-427) : sur les 31 positivés : 17 militaires, 14 civils

                                           sur les 3 douteux : tous civils

     

    Approche décisionnelle : il est décidé de procéder comme suit :

    • Tous les personnels hostiles seront traités de manière identique quelle que soit leur origine
    • Concernant les 31 personnels positivés (cf. paragr. Approche stratégique) :

    23 seront désinsérés dont 14 placés en détention confidentielle pour complément d’information, les 9 autres étant neutralisés

    8 seront placés sous surveillance de type A

    • Concernant les 3 cas douteux : ils seront tous les trois placés sous surveillance de type A

     

    Approche stratégique : compte-tenu de l’incertitude portant sur le nombre de personnels potentiellement hostiles non identifiés, il est décidé les éléments suivants :

    • Les 8 neutralisations et les 14 détentions confidentielles ont pour objet de faire croire aux éléments hostiles que les renseignements communiqués par le transfuge ont eu une portée limitée
    • Les 8 neutralisations seront effectuées sous 30 jours par tous moyens appropriés
    • Les 14 détentions confidentielles donneront lieu à des interrogatoires poussés avant neutralisation définitive
    • Les 11 personnels sous surveillance de type A seront libres de leurs gestes jusqu’à avis contraire émanant du groupe de Travail qui statuera alors sur la suite à donner

     

    Compléments d’information stratégique : suite à l’enquête de positivation introduite ci-dessus, il a été procédé à une estimation des personnels sensibles placés en contact hiérarchique et/ou fonctionnel avec les suspects déjà mentionnés et pouvant faire l’objet d’une contamination. Dans une approche qui demande à être rapidement affinée, cette réévaluation a permis de distinguer 14644 noms (951 militaires, 13693 civils) potentiellement suspects se répartissant en 321 probables (101 militaires, 220 civils) et 14323 possibles (850 militaires, 13473 civils). Ces personnels à risque feront l’objet d’une mise sous surveillance immédiate par les services concernés.

     

    Evaluation prospective : un état d’avancement du dossier sera présenté à chacune des réunions du groupe de Travail par le Prince Valer ALZETTO

     

    Rapport adopté à l’unanimité des membres du groupe de Travail et confié en dépôt unique au droïde de 1ère classe 1C4, VRAB 942-1Q-001 (CGAI/DGA)

     

     

     

     

         L’interminable nuit bleutée touchait à sa fin. Le froid, intense, parsemait chaque objet d’une fine pellicule de glace qui réverbérait par endroit la lumière duale des lunes. Bientôt, dans une noze au plus, les astres de la nuit iraient également se coucher alors que la chaleur aveuglante du soleil ferait fugitivement monter vers le ciel immaculé de longues volutes de condensation qui, durant quelques instants, effaceraient le monde. On était à ce moment précis qui précédait celui où, sur Vargas, tout semblait toujours disparaître avant de renaître immuablement.

         Lena était une prostituée. En apparence désœuvrée, elle arpentait l’avenue Président Walk et ses bottes, comme étouffées par le silence, résonnaient étrangement dans l’obscurité imparfaite. Elle s’approcha d’une zargue éteinte [5] dont les contours indécis jetaient sur la lumière tamisée de l’avenue une tache d’ombre. Elle vérifia machinalement l’absence de vie de la vitrine puis rebroussa chemin vers l’endroit d’où elle venait. Elle se posta contre la façade d’un restaurant depuis longtemps fermé et, malgré sa chaude pelisse, frissonna. Après avoir une fois encore vérifié l’heure sur son ordiquant de manche – quatre nozes douze – elle s’immobilisa définitivement. Elle attendait.

         Dans le quartier de Lans, réputé pour la liberté de ses mœurs, il n’était pas difficile pour une professionnelle de séduire une clientèle variée car on venait de toute la Confédération pour y trouver ce frisson de plaisir et de débauche qui faisait le charme de l’endroit. Cependant, Lena n’était pas une prostituée tout à fait comme les autres. Comme les autres, femelles ou mâles, elle racolait les clients de tous ordres, parfois dans sa zargue préférée, le plus souvent à pied ou en glisseur. Comme les autres, elle souffrait du froid persistant, de la pluie ou de la neige, de l’indifférence et de l’ennui. Comme les autres, Lena n’était pas regardante sur le genre de ses clients des deux sexes, à la condition qu’ils payent bien et qu’ils puissent produire l’indispensable habilitation des Services de Santé. Elle travaillait ainsi, dur le plus souvent, depuis près de six ans et personne ne l’avait jamais entendue se plaindre.

         Toutefois, Lena possédait une particularité qui la distinguait de tous les autres prostitués et la maintenait à l’écart de ses collègues de travail : c’était une biocyborg. Et de mémoire de Confédéré, elle était probablement la seule biocyborg connue pour se livrer à ce genre d’activité. En tout cas, la seule à être identifiée des Services de Sécurité. Au début, cela n’avait pas été facile pour elle. On s’était énormément méfié de cette âme étrange qui transgressait la coutume. Et les autres biocyborgs, ses frères et sœurs, n’étaient pas les derniers à l’éviter. On avait cherché à la dissuader, à la décourager, à la convaincre de renoncer, parfois de manière menaçante. Mais elle avait tenu bon, suivant en cela une logique bien à elle qu’on ne comprenait pas. Peu à peu, le temps s’écoulant lentement, on avait fini par s’habituer à sa silhouette longiligne, à sa beauté étrange, à ses longs cheveux noirs qu’elle portait toujours dénoués quels que soient le temps et la saison. Elle était même devenue une sorte de petite célébrité locale et puisque ses clients, rares au début mais progressivement de plus en plus nombreux en raison de sa singularité, étaient plutôt satisfaits de ses services, on avait fini par la laisser en paix. Nul n’aurait pu dire ce qu’elle ressentait et quels étaient ses espoirs ou ses pensées secrètes. Peut-être après tout n’était-elle qu’une biocyborg au psychisme dérangé ? Les rares proxénètes qui avaient espéré profiter de ses talents avaient rapidement appris qu’il valait mieux la laisser tranquille. En conséquence de quoi, Lena ne faisait pas partie des innombrables réseaux rivaux qui régentaient le petit monde de la prostitution sur Vargas. Lena était une indépendante, une vraie.

         À quatre nozes trente, comme cela était prévu, un semblant de mouvement se manifesta. Des ombres, d’abord incertaines, apparurent, sorties de nulle part. Lena avança de deux pas et, telle une statue de glace, s’immobilisa patiemment. Deux silhouettes s’approchèrent d’elle et lui présentèrent une furtive identification. Sans leur répondre, Lena se mit en marche. Bientôt, une petite troupe lui emboîta le pas. Aucun bruit. Aucune hésitation. On aurait pu penser à un bataillon de fantômes explorant la nuit.

         Lena savait exactement ce qu’elle avait à faire. Depuis six ans, depuis son arrivée discutée sur les trottoirs de Lans, elle n’avait en réalité vécu que pour ce moment particulier, le moment de sa réactivation. Les nuits de souffrance et d’ennui, le froid, la pluie cruelle, l’indifférence des autres, le mépris et la haine se trouvaient d’un seul coup effacés. Elle ne se retourna pas pour savoir si on la suivait : elle savait qu’il ne pouvait en être autrement. En ce petit matin banal, c’était elle qui commandait. Rasant les murs des bâtiments réservés en d’autres heures au seul plaisir, attentive au moindre signe inhabituel pouvant émaner de ce quartier qu’elle connaissait par cœur, elle conduisit ses fantômes jusqu’à l’entrée de l’égout principal situé à l’extrémité de l’avenue Président Walk. Elle s’y arrêta et, toujours silencieuse, observa le regroupement des siens. Sur un signe de l’officier qui l’avait le premier abordée, elle sortit un magnet spécialisé et obtint instantanément l’ouverture du sas. Tout en guettant un mouvement anormal de la ville, elle regarda les soldats, les deux sexes confondus dans le même anonymat, pénétrer un à un dans le conduit. Rien ne bougeait. Les Forces de Sécurité brillaient par leur absence, ce qui était prévu, et il n’y avait même pas le moindre stacker [6] à l’horizon : tous ces braves gens dormaient tranquillement dans leurs abris plus ou moins improvisés des sous-sols. Au loin, de l’autre côté de l’avenue, les projecteurs d’un glisseur raccompagnant une quelconque clientèle attardée, illuminèrent brièvement une façade. Aucune importance. Cela en était presque trop facile. La dernière, Lena pénétra dans l’égout en prenant bien soin de refermer derrière elle. Un peu plus loin, la petite troupe l’attendait et elle en reprit la tête, toujours sans un mot.

         Durant ses nuits de solitude, Lena était souvent venue identifier le parcours qu’elle connaissait à présent parfaitement. Comme d’ailleurs la plus grande partie de Vargas-la-Ville. Elle marchait rapidement mais sans hâte excessive, parcourant sans effort, grâce au faisceau de sa torche-laser, les dizaines de couloirs, de boyaux, de salles de maintenance, d’escaliers qu’ils empruntaient. Les soldats la suivaient en toute confiance, dans le bruit léger des respirations et le raclement intermittent des bottes. Au bout d’une quinzaine de minutes, ils arrivèrent devant une grande dalle d’acier et Lena leva le bras pour signifier la fin de leur périple. Se retournant vers l’officier qui la suivait, pour la première fois, elle chuchota :

                - C’est ici.

         L’homme claqua dans ses doigts et, immédiatement, les soldats enfilèrent leurs tenues de combat. L’une d’elle avait été apportée pour Lena qui s’en revêtit comme si ce geste lui avait été connu de toujours. De l’index de la main droite, l’officier appela ses responsables de section qui firent cercle autour d’eux.

             - 122 et 123, à vous, murmura-t-il. Les autres attendent. Je veux un silence total.

         Tous observèrent les deux spécialistes de la Neutralisation qui manipulaient de curieux instruments extraits d’une caissette d’acier. Détecteurs à infrarouge, palpeurs de chaleur et de mouvements, neutraliseurs quantiques, décérébreurs antidroïdes, rien ne manquait aux soldats pour paralyser les éventuelles défenses de leur cible. Ils travaillaient dans un calme parfait, sans se presser mais sans un geste superflu, sûrs de leur compétence. De vrais professionnels, pensa Lena qui n’en avait plus vus depuis longtemps, tout à fait dans la lignée des Sections d’Assaut de l’Escadron noir.

         Leurs contrôles effectués, les deux spécialistes s’écartèrent. Aussitôt, l’officier fit signe à chacun de se tenir prêt. Il se tourna vers Lena et lui chuchota : « Vous venez avec moi. Ne vous servez de votre paralysant que sur mon ordre ». Il inspecta une dernière fois sa troupe puis adressa un signe de tête à la biocyborg. Celle-ci s’approcha de la dalle et y apposa son magnet. Avec un crissement agaçant après tant de silence, la dalle pivota de quelques centimètres. Tous retinrent leur souffle mais, comme aucune réaction perceptible ne se manifestait, Lena poursuivit l’ouverture de la dalle. Un à un les soldats la franchirent et, ombres parmi les ombres, se dispersèrent sans un bruit vers les points stratégiques qui leur avaient été assignés. D’autres commandos, tout aussi déterminés attendaient que les premiers dans la place leur autorisent la pénétration. L’infiltration du palais présidentiel de Vargas entrait dans sa phase finale.

     

     

     

         Vliclina se pencha vers la paroi de la sphère et, faisant le vide dans son esprit, se laissa porter par la beauté de ce qu’elle voyait. Plus tard les soucis et l’angoisse. Elle avait du temps devant elle, au moins quelques heures, et elle avait décidé d’en profiter. La sphère transparente du salon-bar panoramique dérivait lentement le long de la baie, à quelques dizaines de mètres au dessus de la surface de l’océan, dans une sorte de demi-cercle la ramenant chaque heure à son point de départ. Elle était également animée d’un doux mouvement de rotation qui permettait à ses clients d’observer le port et la ville avant de lentement conduire leurs regards vers le grand large. Ce double mouvement désynchronisé donnait au spectateur la sublime illusion de découvrir presque à chaque instant un panorama différent et pourtant semblable. La jeune femme avait l’impression – mais ce n’était pas qu’une impression - de flotter entre ciel et eau. Au loin, le double soleil orange de Valteri était sur le point de disparaître derrière l’horizon liquide en lançant ses derniers feux. Ce n’était que fusion de pourpre mordorée et de naissante noirceur bleutée. Un unique et lointain nuage, presque au ras de l’eau, s’effilochait lentement en autant de formes étranges aux couleurs changeantes. L’océan était particulièrement calme, une étendue ardoisée pacifique et silencieuse qui attendait la nuit. C’était le seul regret de Vliclina à qui on avait vanté l’indescriptible spectacle de ses colères lorsque de brutales tempêtes l’agitaient sous un ciel presque toujours clair. On pouvait alors observer, montant à l’assaut de la sphère, de gigantesques vagues dont les apparences multiples caricaturaient toutes les créatures d’un enfer hypothétique. Une autre fois, peut-être? Elle soupira. Dans quelques minutes, la rotation de la paroi lumineuse dévoilerait le port minuscule et les plages derrière lesquels se dissimulait la ville de Krasnoa dont les éclairages publics rouge-orangé devaient être en train de s’allumer pour se mélanger à ceux des multiples glisseurs et des tours de vie. Ce crépuscule de toutes les teintes, comme toujours, ferait place à la nuit étoilée et légère qui tombait tôt sur cette terre.

         La majeure partie des clients – essentiellement des touristes - s’était levée et se dirigeait lentement vers les sas des PAMA de sortie. Vliclina ne bougea pas, bien décidée à s’offrir une nouvelle rotation puisqu’elle n’avait aucune envie de regagner son hôtel pour une longue soirée triste. Autant rester ici où elle pouvait réfléchir à son aise. Repenser une fois encore – la centième peut-être – à ce qu’elle allait devoir faire et qui lui pesait terriblement. Mais elle l’avait bien voulu : c’était son devoir, elle n’en démordait pas.

         Son devoir. Une obligation morale qu’elle ne pouvait pas ne pas assurer elle-même, au grand dam de Carisma Dar-Aver qui ne pouvait admettre qu’elle puisse mettre sa vie et sa fonction en danger pour une opération somme toute de basse police. La Première Assistante n’avait cédé que face à l’intransigeance de sa collaboratrice dont elle devinait toute l’implication psychologique. Car il s’agissait du Professeur Callixte et, pour rien au monde, Vliclina n’aurait laissé à quelqu’un d’autre le soin de régler ce problème. Son problème. Lorsque la transfuge de la CFS avait pour la première fois évoqué ce nom, comme jeté au hasard, elle n’avait été que moyennement surprise. Dans le fond, elle s’attendait à quelque chose de ce genre. Alzetto qui était à ses côtés lors de l’interrogatoire n’avait pas sourcillé : il ne connaissait pas l’existence du vieil homme et, d’ailleurs, d’autres noms, bien plus éminents, bien plus prestigieux, avaient rapidement détourné son attention. Impassible, l’Impériale avait laissé filer la révélation, attendant des compléments d’information dont elle savait à l’avance qu’ils ne feraient que confirmer ses craintes. Le Groupe Spécial Mixte dont elle faisait partie avait évidemment décidé la neutralisation de son vieux professeur, un civil d’importance très certainement réduite qui n’intéressait pas grand monde. Ce n’est qu’à ce moment que la jeune femme avait demandé – et obtenu du Prince – que ce dossier lui soit réservé.

         Une opération de simple police, avait affirmé Carisma, dont jamais elle n’aurait dû se charger personnellement. Et il était exact que, depuis les premières années de sa formation, l’Impériale ne pratiquait plus ce type d’activités, banales et dangereuses, qu’on réservait aux subalternes. Cette mission, c’était pour elle un retour aux sources qui la renvoyait bien des années en arrière. Or, en dépit de sa jeunesse, elle occupait à présent, un poste trop important pour se risquer de cette manière. Quelquefois, quand sa charge lui paraissait trop lourde, Vliclina se rappelait avec nostalgie, cette époque mélangée où son seul souci était d’obéir aux ordres et d’accomplir des opérations dont elle ne comprenait souvent pas la teneur. Puis était venu le temps des responsabilités. Parce qu’elle était brillante, décidée, efficace, lui avait-on affirmé, mais également parce qu’elle avait été remarquée par la Première Assistante qui, d’ailleurs, n’occupait pas encore son poste actuel. A cette époque pas si lointaine, Vliclina avait eu une brève et orageuse liaison avec Dar-Aver. Un fiasco qui lui avait fait craindre le pire pour sa carrière. Tant pis ! s’était-elle alors juré. Je ne peux pas vivre dans le mensonge et l’approximation. Mais Carisma ne lui en avait pas tenu rigueur : alors qu’elle s’apprêtait à subir, sa supérieure l’avait promue. Une réaction surprenante qui traduisait tout le professionnalisme de la femme. C’était cette confiance, accordée en dépit du ressentiment, qui avait attaché Vliclina à la Première Assistante, et cela bien plus qu’elle ne l’aurait supposé. Tout cela c’était le passé. Preuve, toutefois, qu’on n’avait jamais ce qu’on désirait, elle ne se réjouissait certainement pas de revenir à ses premières activités puisque l’objet de son retour avait un nom : Callixte.

         Curieusement, en dépit de ce qu’il fallait bien appeler sa trahison, la jeune femme n’éprouvait aucun ressentiment contre son vieil ami. De la tristesse plutôt, mélangée à beaucoup de curiosité. Elle repensa à son étrange entretien avec le vieillard à l’Institut de Linguistique et aux efforts qu’il avait déployé pour lui faire comprendre tout le mal qu’il pensait de l’Universalité. Ce jour là, il avait su être si convaincant qu’elle en était repartie réconfortée. Un comble. C’était bien là un tour à sa manière. Si la situation n’avait pas été aussi dramatique, Vliclina aurait pu en sourire. Le professeur avait-il été prévenu de possibles fuites le mettant en cause ? Toujours est-il que lorsque la jeune femme avait demandé à le rencontrer à nouveau, il n’était plus à son laboratoire de Iorque. Peut-être en repensant à la visite de son ancienne étudiante s’était-il dit qu’il était temps pour lui de s’effacer ? C’était sans compter avec l’extrême efficacité des forces opérationnelles du Troisième Assistanat qui eurent tôt fait de retrouver sa trace. En ce monde de communications ultradéveloppées, où les déplacements dans l’immense volume administré par l’Empire étaient pourtant tellement facilités par la technologie moderne, il n’était pas facile d’échapper à la vigilance de bureaucraties s’appuyant sur des millions de droïdes infiniment patients. Après quelques errements vite corrigés, l’enquête diligentée par Vliclina l’avait amenée à Krasnoa, la ville principale de Valteri, une planète de catégorie B située quelque part près du centre du Deuxième Quadrant. Krasnoa aux si beaux crépuscules, soupira la jeune femme, des crépuscules qui par un saisissant raccourci rappelaient le destin de celui qu’elle avait tant admiré par le passé.

         S’il avait été facile de retrouver le vieil homme, ce qui s’annonçait maintenant serait beaucoup plus éprouvant. Vliclina qui savait tout des habitudes nouvellement acquises de sa cible se proposait de rencontrer le professeur au petit matin, un instant propice pour un interrogatoire impromptu, quand la douceur d’une nuit de sommeil pèse encore sur la conscience et que la vigilance des êtres n’a pas eu le temps de monter en puissance. Elle comprenait par tout son être qu’il s’agirait là d’un moment difficile. La jeune femme savait qu’elle aurait dû regagner le coin de vie qu’elle avait fait réserver à l’hôtel afin d’y prendre des forces mais elle n’en avait pas le courage. Elle observa l’extérieur de la sphère qui, sur le côté présenté, ne délivrait plus que la vision d’une immense toile obscure puis se retourna vers les biodiv qui entouraient le sien. Elle distingua la silhouette discrète de son ordonnance rapprochée, Claver, un fonctionnaire à l’efficience redoutable et à la loyauté à toute épreuve. Les autres n’étaient pas visibles. Quelque part dans la ville, Vals, son droïde attaché, attendait un ordre de sa part dont elle espérait qu’elle n’aurait jamais à le donner. Elle se retourna vers le droïde-serveur et, d’un sourire, lui commanda une nouvelle boisson rafraîchissante. Le temps passait lentement. Elle reprit sa contemplation indifférente de la nuit. Elle n’avait décidément pas sommeil.

     

     

     

         A six heures trente deux, Vliclina montra l’empreinte de son index droit au visioguetteur du cube de vie ou plutôt, pour reprendre l’expression qu’elle avait entendu employée sur Valteri, de la villa du Professeur Callixte. Sans attendre de réponse immédiate, elle se retourna vers la voie piétonne par laquelle elle était venue sans se hâter. A l’exception d’un glisseur qui stationnait à son extrémité, probablement dans l’attente de touristes matinaux désireux de s’aventurer dans les environs de la ville, il n’y avait apparemment personne mais elle savait que sa garde rapprochée n’était pas loin, attentive, immédiatement disponible. L’air était doux et humide, rapportant par moments les effluves caractéristiques du port situé à quelques centaines de mètres de là. Il faisait encore nuit noire et, outre les éclairages publics plutôt rares, seules les dalles luminescentes de la voie piétonne renvoyait cette vague luminosité rougeâtre qui lui plaisait bien par la tonalité reposante qu’elle suggérait. Elle reporta son regard vers la porte fermée. Se pourrait-il que Callixte ? La porte s’entrouvrit dans un léger chuintement. Callixte. Identique à la dernière image qu’elle avait de lui. Il ne paraissait pas surpris de son apparition inattendue. Comme l’Impériale restait silencieuse, ce fut lui qui parla le premier.

                       - Entre, Vlic, viens t’asseoir avec moi. Tu m’expliqueras ce qui t’amène.

         La jeune femme suivit silencieusement son vieux professeur. Ce n’est qu’une fois assise face à lui qu’elle se rendit compte qu’elle ne l’avait pas salué comme elle en avait l’habitude. Mais il était trop tard.

                   - Vous ne savez vraiment pas ce qui m’amène ? demanda-t-elle.

         Le vieil homme haussa imperceptiblement les épaules. Il savait.

               - On t’a envoyée pour en savoir un peu plus sur mon engagement, murmura-t-il. Sois tranquille, tu vois, je ne nie rien. Comprends-moi, Vlic, je suis trop vieux et je t’aime trop pour jouer avec toi je ne sais quelle comédie, pour faire semblant, pour simuler la surprise…

                   - Mais pourquoi, Callixte, pourquoi ? Après tout ce que vous m’avez dit, l’autre jour, à Iorque. C’est vous qui m’avez expliqué que… qui m’avez presque convaincue… à un moment où je me posais tant de questions… Et, durant tout ce temps…

                - Je sais, je sais, mais que pouvais-je faire d’autre ? Qu’aurais tu compris si… qu’aurais tu fait ? C’était un peu ma manière à moi de te protéger, de t’éviter de… Évidemment, à présent, je me rends compte de l’absurdité… Mais je ne t’ai pas totalement menti, tu sais, Vlic. C’est vrai que j’ai longtemps hésité. Longtemps. Bien sûr, je me suis finalement rangé aux arguments de… des… Mais ça n’a pas été facile, crois-le ou non.

         Callixte décroisa ses jambes et fit mine de se lever puis décida de ne pas bouger. Il releva les yeux vers son ancienne étudiante. Vliclina pouvait y lire de la sincérité et peut-être même du regret pour cette conversation dont il devinait sans aucun doute combien elle était pénible pour elle. Il soupira.

              - Oui, j’ai longtemps hésité, reprit-il. Vois-tu, il y a des êtres qui se posent peu de questions. Qui sont convaincus d’emblée, qui adhèrent totalement à une cause. Je ne suis pas comme ça. Moi, même aujourd’hui je doute souvent… La différence entre deux engagements est parfois ténue : elle tient à si peu de choses. Contrairement à ce qu’on veut souvent nous faire croire, ce n’est pas simple de prendre parti. Ce n’est pas facile de choisir. Il n’y a pas d’un côté ceux qui ont raison et de l’autre ceux qui ont tort. D’un côté le Bien et de l’autre le Mal. Non, le plus souvent il nous faut choisir entre un Bien et un autre Bien. Et cela ne va pas sans souffrance. Oui, j’ai fait ce que je crois être juste. Sans certitude mais parce qu’il le fallait. Oh, je sais ce que tu penses : que puisque je n’étais sûr de rien, il aurait été plus simple pour moi de ne pas prendre ouvertement parti, de me cantonner à une facile neutralité. Facile. C’est ce mot là qui ne me convenait pas, tu vois… Tu me connais, Vlic, je suis un homme de devoir. En dépit de toutes ces années passées à me battre pour des idées, ici ou là, je n’ai pas renoncé. Comme au premier jour, je suis quelqu’un de passionné, d’intransigeant avec ce que je crois être ma morale. Alors voilà… D’ailleurs, toi aussi, Vlic, tu es comme ça, même si tu ne t’en rends pas toujours compte. Toi aussi, il te faut croire à ce que tu fais. Je le sais. Nous sommes pareils mais, cette fois-ci, le malheur veut que nous ne soyons pas du même côté du mur. C’est triste mais nous n’y pouvons rien.

         Vliclina ne chercha pas à rompre le silence qui s’installait. Son regard erra sur les murs, le mobilier du petit cube de vie. Une structure neutre comme on en construit des millions pour le seul bénéfice des touristes – les migrants comme on disait en langage administratif. Elle se rendait compte combien il avait dû être difficile pour le vieil homme d’abandonner son laboratoire et ses chères talides afin de venir se réfugier ici dans cet univers anonyme. Peut-être même lui avait-on forcé la main ? Elle lissa machinalement la jambe de sa combi multicolore, le déguisement qu’elle avait adopté pour venir jusqu’ici. La voix de Callixte la fit presque sursauter.

              - Tu as pu constater que je ne cherche pas à te convaincre du bien-fondé de mon choix. Je n’essaierai même pas parce que je sais combien ta fidélité à l’actuel Ranval est profonde, combien elle compte pour toi. Tes interrogations de l’autre jour ne reposaient sur rien, je l’ai compris tout de suite, et c’est aussi un peu pour ça que j’ai alors cherché à te conforter dans ton choix. Il n’en reste pas moins que nous sommes aujourd’hui de chaque côté du mur. Un mur infranchissable. Je te pose donc une simple question : que va-t-il se passer maintenant ? Car tu ne peux pas me laisser en liberté, n’est-ce pas ?

         Sans répondre, Vliclina se leva et se dirigea vers la baie métallisée principale de la pièce qu’elle désobscurcit d’un rapide mouvement du poignet. Dehors la nuit était presque toujours aussi noire : à peine si l’on pouvait deviner par une infime clarté vers l’est le début de l’aube sur Valteri. Cette clarté prendrait lentement de l’assurance au fur et à mesure que la lente rotation de la planète découvrirait l’incandescence lointaine du soleil double. Un jour nouveau. Encore à venir. L’Impériale se tourna vers Callixte et, d’une voix forte qui traduisait toute l’étendue de sa souffrance, déclara :

              - La procédure, Callixte, veut que je m’assure de votre personne afin de vous déférer devant les personnels compétents aux fins d’interrogatoire. J’ai ici, avec moi, sur Valteri, les fonctionnaires chargés de votre interpellation. Il est difficile de les abuser, vous vous en doutez. Y arriveriez-vous que je doute que vous puissiez échapper aux unités spéciales de mon Assistanat, fussiez-vous appuyé par des forces hostiles et bien organisées. Viendra ensuite un procès public au terme duquel, compte-tenu des charges qui sont retenues contre vous, il sera assurément procédé à votre neutralisation. A moins – mais c’est l’enquête qui le déterminera – que pour des raisons de sécurité-défense, votre neutralisation soit décidée directement. Vous le savez, Callixte, ce sont les militaires qui sont actuellement en charge de la justice impériale en ce domaine et je ne sais pas ce qu’ils décideront. Mais, Callixte, je ne suivrai pas cette procédure. Non, je ne vais pas la suivre. J’ai trop d’estime pour vous. De plus, mes renseignements me donnent à penser que votre activité séditieuse n’est que théorique, à l’exclusion de toutes prérogatives opérationnelles. Alors, des interrogatoires, un procès… Je ne veux pas que vous soyez jeté en pâture aux médias, que vous soyez rudoyé par d’obscurs petits fonctionnaires qui ne vous arrivent pas à la cheville, que vous soyez traîné dans la boue par des juges incompréhensifs ou à la botte. Je souhaite vous épargner ça, Callixte. Vous ne méritez pas cette infamie. Je veux procéder autrement. Je vous le dois bien… Alors, j’ai pensé…

         Vliclina s’approcha du vieillard toujours assis et silencieux. Elle dézippa sa ventrale de combi pour en extraire une simple capsule qu’elle exposa dans sa main tendue.

              - Voilà, Callixte, pour le cas improbable ou vous n’auriez pas déjà prévu cette éventualité. Je sais que cette… drogue est à effet immédiat et qu’elle n’entraîne aucune souffrance. C’est malheureusement tout ce que je peux faire…

         La voix de la jeune femme s’était adoucie pour aboutir à un simple murmure et, pour la première fois depuis longtemps, ses yeux s’étaient progressivement embués. Callixte se leva lentement et s’empara de la capsule pour la glisser dans une de ses poches. Il posa ses mains sur les épaules de Vliclina.

              - Je ferai ce que je dois faire, je te le promets, Vlic, mais ne pleure pas, je t’en supplie. Ne pleure pas. Je veux conserver de toi l’image de cette jeune femme courageuse et décidée qui a tant fait ma fierté. Je le sais bien que tu n’es pour rien dans tout cela. Tu n’es pas responsable. Rien n’est de ta faute. Nous ne sommes que les victimes d’intérêts qui nous dépassent, c’est tout. Je te remercie de ton geste. Si, si, je le pense. Allez, va t’en maintenant. Tu n’auras pas à rougir de l’attitude de ton vieux professeur. Tu peux rappeler tes fonctionnaires. Ou plutôt qu’ils restent encore quelque temps : ils verront bien. Pars à présent, s’il te plaît.

         Vliclina embrassa furtivement le vieil homme et se dirigea vers la porte. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, elle entendit le vieillard lui crier :

              - Je t’aime, Vlic, je t‘aime, sois en certaine.

              - Moi aussi, chuchota-t-elle en s’enfuyant.

         Lorsqu’elle retrouva l’allée piétonne dont la rougeoyante luminosité s’estompait dans la pâleur du jour naissant, elle pleurait à chaudes larmes.

     

     

     

         La destitution du gouvernement légitime de Vargas retentit dans toute la Galaxie comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. L’opération qui avait été fort bien préparée – et depuis longtemps – associait en fait deux principes d’apparence contradictoire : un coup de force associé à un semblant de légitimité démocratique.

         La part violente de l’opération, c’est à dire la déposition par la force du Président et de son entourage immédiat par des éléments assez mal précisés de l’armée régulière, visait deux buts : le premier était à l’intention des autres membres, forcément moins puissants, de la Confédération, afin de bien leur faire entendre qu’il fallait dorénavant compter avec un ordre différent dont certains des représentants se trouvaient déjà parmi eux. Le deuxième était à usage plus externe et destiné essentiellement aux dirigeants de l’Empire afin que ces derniers – qu’on appelait déjà les légitimistes – se préoccupent avant tout de leur propre sphère d’influence, laissant ainsi aux nouveaux maîtres de la Confédération le temps d’asseoir leur pouvoir évidemment fragile dans ses prémices.

         Le deuxième aspect des événements de Vargas revêtit un aspect plus démocratique par le biais d’une réunion extraordinaire de la Chambre des Maximes [7] convoquée le jour même de la chute du Palais présidentiel. A l’issue d’une séance houleuse et ininterrompue de près de vingt nozes, il fut procédé à l’élection d’un gouvernement provisoire dont les militaires semblaient écartés. Un nom, jusque là ignoré, revint à plusieurs reprises au cours des débats : celui de Krilik Zor. L’homme n’était pas à proprement parlé un inconnu, du moins des politiques, puisqu’il s’agissait d’un parlementaire chevronné ayant fait partie de l’entourage du Président déchu – ce qui rassurait les tenants du légalisme tranquille – mais qui avait su s’opposer à lui en plusieurs occasions, ce qui assurément plaisait aux représentants affichés du nouveau pouvoir. En dépit – ou en raison – de sa grande expérience politique, ce fut avec des larmes dans la voix et l’apparence d’une émotion sincère que Krilik Zor jura solennellement fidélité à la Confédération et, sous les cris et les sifflets d’une foule de Maximes euphoriques[8], promit « qu’il veillerait à ce que Vargas, et ses planètes-sœurs si elles le souhaitaient, se tournent vers le peuple souverain dont il convenait de prendre enfin en compte les aspirations légitimes ». Descendant de l’estrade majestueuse de la Présidence des Maximes, Krilik Zor, encore profondément ému, tomba dans les bras de Berlico, Quatrième Membre de la Compagnie du Fret Stellaire qui avait fait le voyage pour l’occasion.

         La victoire universaliste semblait totale et, en dépit de pronostics vraisemblablement trop pessimistes, n’avait coûté que très peu de vies humaines : cent douze morts lors de l’assaut du Palais auxquels il convenait d’ajouter quelques dizaines d’autres en périphérie, essentiellement à la suite d’ordres ou d’informations trop tardifs, de tirs « amicaux », de malentendus divers et de quelques accidents stupides comme il en existe toujours en des temps troublés. Depuis le sous-sol de sa farla, Valardi observait avec intérêt et en temps réel l’évolution de la situation sur Vargas. Il savait que ses amis et lui venaient de pousser un pion. Pour ce faire, il leur avait fallu se découvrir, au risque d’hypothéquer ailleurs, plus loin, une action future. A présent, les légitimistes qui – Valardi le savait bien – tenaient encore fermement les rênes de l’Empire, étaient en quelque sorte au pied du mur. Pour eux, les événements récents étaient l’équivalent d’une déclaration de guerre. Du choix du lieu, du moment et de la forme de leur réaction dépendait tout le reste. Valardi était impatient de connaître leur réponse. Humectant sa lèvre supérieure de la pointe de sa langue ce qui traduisait chez lui un sommet d’agitation, il se pencha vers ses ordiquants afin d’y réétudier les différents scénarios concoctés à son intention par ses conseillers. Mais, bientôt, d’un geste vif il se rejeta en arrière et s’autorisa, dans le vide de sa farla, à exprimer tout haut ses préoccupations : « Par Bergaël, murmura-t-il, c’est de toute façon bien trop tôt ! Laissons aux quanticiens le soin de mathématiser tout ça. En définitive, l’avenir n’est peut-être pas aussi prévisible qu’on veut bien nous le faire croire ! ».

         La suite des événements lui prouva combien il avait raison.

     

    suite ICI

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    [1]  Trivmaki : stéréoviz spéciales au cours desquelles sont récrées pour le spectateur désigné des scènes qui, tenant compte de ses informations personnelles, aboutissent à une action totalement individualisée : le spectateur est lors immergé dans l’action aux côtés de ses acteurs préférés (ou plus précisément de leurs hologrammes programmés)

    Vardas : émissions interactives - culturelles, d’information, de vulgarisation scientifique ou, plus souvent encore, ludiques -  mettant en jeu des communautés entières.  Ces émissions, totalement interactives, durent parfois plusieurs jours.

    [2]  Verso : base de loisirs associant en fait plusieurs équipements : outre une section de détente classique basée sur l’audiovisuel, on y trouve également des salles de gymnastique et de remise en forme ainsi que des unités de détente personnalisées, voire des salles de conférence et des salons privés. Il en existe, plus ou moins bien aménagés, sur tous les vaisseaux spatiaux opérationnels. Leur agencement est calqué sur les équipements similaires du domaine civil.

    [3]  Sial-val : sorte de petit mammifère très agressif des montagnes de Farber, à mi-chemin entre la fouine et le coyote, dont l’espèce est d’ailleurs en voie de disparition.

    [4]  Sarmiv : appartement collectif

    [5]  zargue : sorte de cube-vitrine situé sur le trottoir central des voies de communication du quartier réservé de Lans,  dédié à la vie nocturne de Vargas. C’est dans un endroit de ce type que les  prostituées officielles y exposent leurs charmes.

    [6]  Stacker : SDF, clochards, vagabonds.

    [7]  Maxime : au nombre d’environ 300, les Maximes de Vargas sont les représentants élus au suffrage indirect des grandes congrégations commerciales, militaro-industrielles, religieuses et, pour un tiers, d’élus directs du Peuple

    [8]  Sur Vargas, l’enthousiasme populaire se manifeste plus par des sifflets et des cris que par des applaudissements


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